Je vous imagine déjà. Vous surfez sur mon blog et à chaque nouvel article la même question vous taraude :  » Mais enfin c’est quoi au juste la fouloscopie ?  »
Rangez votre Larousse, ce mot n’existe pas… enfin, pas encore.

Depuis le début de mon doctorat, il y a une douzaine d’années, j’ai toujours eu du mal à expliquer à mes proches sur quoi portent mes recherches… En réalité, je suis éthologue et j’étudie le comportement des foules. Parfois, cela relève de la biologie, parfois c’est de la physique ou de la psychologie. Il y a même des informaticiens qui travaillent sur ce sujet. Alors pour aller plus vite, je disais que je fais de la « foulologie« . Mais le terme ne sonnait pas très bien. Un jour en 2014, l’illustratrice et vulgarisatrice scientifique Marion Montaigne à mis mes recherches en bande dessinée, dans un article intitulé : « Jeudi, c’est fouloscopie« . Depuis ce jour, j’ai adopté ce mot, que je trouve à la fois explicite et un brin décalé. Je fais donc de la fouloscopie. C’est mon métier.

Mais en quoi cela consiste-t-il au juste ?  La science du comportement des foules se divisent en trois axes principaux:

  • Le déplacement collectif

Foule Mecque Fouloscopie Moussaid
Il s’agit d’étudier le mouvement des piétons dans la rue, autour des stades, ou lors d’un grand rassemblement. C’est sur ce thème que j’ai commencé, pendant mon doctorat. Nous cherchons ici à comprendre comment se structure le trafic piétonnier, comment les individus s’auto-organisent dans les rues bondées, pourquoi le comportement des piétons est différent selon les pays, et ce qui cause les bousculades mortelles. Nous étudions par exemple les flux gigantesques qui parcourent La Mecque pendant le pèlerinage musulman,  les évacuations d’urgences comme celle des tours jumelles le 11 Septembre à Manhattan, ou les mouvements de panique comme ceux qui ont suivi les attentats du 13 Novembre à Paris.

  • La contagion sociale

    La propagation d'information est un axe de recherches scientifiques de la fouloscopie
    C’est l’étude de la propagation des informations, des émotions et des idées. De nos jours, la contagion sociale est surtout étudiée sur les réseaux sociaux. Nous allons chercher à savoir qu’est ce qui provoque un « buzz », comment évolue les opinions politiques avant une élection, ou comment se diffusent les fake news. Cet axe est très proche de l’épidémiologie, car entre un virus et une rumeur, il n’y a pas tant de difference que cela. D’un point de vue appliqué, les experts du marketing viral et les politiciens se réjouissent à chacune de nos découvertes.
  • L’intelligence collective

Enfin il y a la perspective de l’intelligence collective. Que peut faire une foule, qu’une personne seule serait incapable de réaliser ? Là encore, les thèmes abordés sont variés. Ils concernent par exemple la science participative, qui a vu une foule d’internaute résoudre des mystères scientifiques très complexes.  Nous nous demandons également comment amener une foule à prendre de bonnes décisions, par exemple par la voie de la majorité, ou comment une foule de monsieur Tout-le-monde peut parvenir à écrire une encyclopédie comme Wikipédia ou à jouer aux échecs. L’intelligence collective s’inspire énormément de la capacité étonnante des insectes sociaux à résoudre des problèmes d’optimisation particulièrement complexes.

Alors si vous avez envie d’en savoir plus, je vous invite à jeter un oeil aux différentes séries d’articles que j’écris. Il y en a pour tous les goûts :

  • Foule et Foot, un regard scientifique sur les phénomènes collectifs qui se déroulent dans les stades et à côté.
  • Marion Montaigne et les piétons, où je passerais en revue le « spécial fouloscopie » de l’illustratrice  en y apportant quelques compléments scientifiques.
  • Culture Foule, où il sera question de la foule dans la culture populaire.
  • La sagesse des foules, où vous apprendrez les prouesses que peut réaliser une foule.
  • Tremblements de foules, où nous parlerons de paniques, de bousculades, et d’autres choses pas très marrantes mais intéressantes.